Kinbaku Society of Berlin

Passionate to research japanese bondage

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Interview with Oliver de Sagazan for Issue #16

Interview by Saara Rei
The original interview was conducted in French (below), and was translated for issue #16 of the KSB Magazine.

“Originally trained as a biologist, Olivier de Sagazan turned to painting and sculpting with the ever-present idea of questioning organic life. From his passion to give life to matter came the idea for him to cover his own body with clay in order to observe the resulting “object”. This experiment gave rise to the creation of a solo, “Transfiguration”, in 1998, (played for over 350 times) in which we see a man gradually disfiguring himself with clay into a kind of half-man, half-beast searching beneath his masks for who he is, who is the puppeteer. Olivier was invited in 2021 for the Biennal Dance de Venise.olivierdesagazan.com

Pouvez-vous d’abord nous parler un peu de vous : comment avez-vous découvert votre intérêt pour la biologie, la vie organique, et commencé votre processus de remise en question à travers la peinture et la sculpture ?
J’ai fait de la biologie car je voulais comprendre la logique du vivant et savoir ce que peut un corps. C’est toujours avec ce regard de biologiste que j’ai abordé la question de la peinture et la sculpture. Je voulais , je veux quand je fais une sculpture que l’on sente une présence, comme fasse à un être vivant. Dans ma tête une peinture ou une sculpture c’est comme un fétiche actif , qui doit  agir sur mon système nerveux. 

Il existe souvent un lien entre le « nombre d’or » et de nombreuses formes de vie organique : trouvez-vous qu’il existe des lois inhérentes à la nature et à l’esthétique qui guident la formation de la vie organique ?
Il y a une logique du vivant  et c’est ce mouvement intime que le peintre doit retrouver dans ces dessins et la matière qu’il crée. Pour cela je pense que le peintre doit annexer la forme qu’il va créer en la vivant. Ainsi la peinture sera comme une projection de son propre corps sur la toile, une sorte d’isomorphisme de son propre corps en deux ou trois dimension. 

Trouvez-vous qu’il y a un aspect de laideur dans la vie organique ? Que signifie pour vous la « laideur » et quel rôle joue-t-elle dans vos recherches ?
Non le mot laideur associé au corps n’a pas de sens pour moi. Je pense juste que ce sentiment pourrait venir  du faite que l’on perçoit que le corps est d’une complexité qui nous dépasse totalement et c’est cette étrangeté qui peut  nous faire peur et produire ce sentiment « ugliness ».Nos mots ne peuvent rendre compte de l’immensité du corps et c’est pourquoi je travaille avec les images. 

Pourriez-vous décrire le processus de transformation que vous traversez au cours de votre travail ? En transformant votre apparence, en vous transformant en « objet », de quelles transformations internes avez-vous été témoin dans votre travail ?
La force de mon travail procède avant tout de la technique que j’utilise. Je travail en aveugle quand je suis sous l’argile et par conséquent je ne juge pas du résultat, j’avance je construit des formes sans me poser des question si c’est bien ou pas. Ansi j’échappe au « surmoi » freudien, aux sentiment de faire du beau ou du laid , j’échappe au contrôle de la morale. Par ailleurs j’échappe aussi à tout mode de représentation qui viserait la mimésis, c’est à dire ce besoin inhérent de faire et représenter les choses comme on les voit , comme nos parents, nos professeurs ou la société nous incite à faire. Travaillant en aveugle à nouveau je redécouvre une vraie liberté. Ce que je montre à voir ce ne sont plus des images vues mais des images senties . Les gestes que je vais utiliser pour créer mes masques seront juste des gestes de ressenties interne.  Ainsi on assiste par ce procédé qui caractérise ma performance « Transfiguration” à une sorte d’accouchement de ma pure sensibilité hors des sentiers de la représentation classique. Les images que je crée sont hors de la question du beau ou du laid , elles sont juste vraies. Maintenant il ne faut pas jugée  ces défigurations au premier degrés, je veux dire que ces images ne doivent pas être lus comme un vrai visage que l’on aurait défigurée en tapant dessus avec un marteau, ce serait là une lecture stupide au premier degré , nous sommes ici dans l’art , c’est à dire dans l’imaginaire et ces déformations sont un échos de notre sensibilité, tout comme les peintures de Francis Bacon ou de Giacometti.

Avez-vous trouvé des moments où vous vous sentiez laid, ou où peut-être la notion même de laideur s’est transformée en autre chose avec votre apparence ? Y a-t-il des points de sagesse concernant l’esthétique et la compréhension de la vie organique que vous avez appris grâce à vos recherches et que vous seriez prêt à partager ?
Je pense qu’il y a quelque chose à chercher du coté d’une sorte de lâché prise qui s’apparente peut-être à la transe. En faite dans ces moments vous êtes portez par une forme d’intuitions du corps , un savoir qui échappe au language et à une pensée trop discursive. C’est un sentiment par définition qui ne peut que être évoqué qu’à partir d’une mémoire personnelle, d’un vécu difficile à partager. Mais je reste convaincu que notre fondement est quelque chose d’innommable. A partir de là on ne peut que prendre une autre personne par la main et lui dire « vas’y, essaie  et peut être tu sentiras cela, aussi »